D’après l’article 1742 du Code civil “le contrat de louage n’est point résolu par la mort du bailleur”. En effet, en cas de décès du propriétaire-bailleur, ses héritiers sont tenus de reprendre le bail en cours. Mais que prévoit la loi lorsqu’il n’existe aucun héritier connu et que la succession est vacante ?
Riches d’une solide expertise en matière de gestion immobilière, les experts Sens Patrimonial répondent à toutes vos questions. Dans cet article, nous aborderons le cadre juridique d’une succession sans héritier, le devenir du bail de location, la gestion du bien par l’administration ainsi que les différentes options pour le locataire. Nos conseillers vous délivreront également leurs précieux conseils pour protéger votre patrimoine immobilier.
Le cadre juridique d’une succession sans héritier
La définition légale d’une succession vacante
Une succession est considérée comme vacante lorsque le propriétaire décédé sans héritiers n’a laissé aucun bénéficiaire légal ou testamentaire pour recevoir son patrimoine. Selon le cadre juridique, plusieurs situations peuvent conduire à une telle vacance.
L’article 809 du code civil qualifie une succession de vacante :
- Si, après des recherches, aucun héritier direct ou indirect n’est trouvé ;
- Si tous les héritiers potentiels renoncent à la succession ;
- Si les héritiers connus n’ont pas accepté la succession après un délai de 6 mois à compter de l’ouverture de la succession ;
- Si les héritiers sont en incapacité de succéder pour diverses raisons, comme une incapacité juridique ou d’indignité.
Le rôle de l’État dans la gestion d’une succession sans héritier
Le régime des successions vacantes est encadré par le Code civil qui prévoit qu’en l’absence d’héritiers, l’État devient l’ayant droit du patrimoine laissé par le propriétaire décédé. Ce patrimoine entre alors dans le domaine public, et l’État peut liquider les actifs ou les utiliser pour ses propres besoins.
Ce processus est encadré par l’État, qui désigne un curateur pour administrer les biens du défunt jusqu’à ce qu’une décision définitive soit prise concernant leur devenir.
En cas de biens immobiliers loués, la question se pose : lorsque le propriétaire est décédé sans héritiers, que devient le bail de location ? L’État prend temporairement la place du défunt dans le contrat de bail, il continue ainsi à percevoir les loyers et assure la gestion des relations locatives.
Le devenir du bail de location en l’absence d’héritiers
La continuité du contrat de location
Lorsqu’un propriétaire décédé sans héritiers laisse un bien immobilier loué, le contrat de location ne s’interrompt pas. En effet, le décès du propriétaire n’entraîne pas automatiquement la résiliation du bail en cours. L’État, devenu le gestionnaire des biens de la succession vacante, reprend le rôle du propriétaire pour toute la durée de la succession.
Le locataire peut ainsi continuer à occuper le logement dans les mêmes conditions que celles établies dans le contrat initial. Si le bien est vendu ultérieurement, le nouveau propriétaire hérite du bail en cours avec les mêmes droits et obligations envers le locataire.
Les droits et obligations du locataire inchangés
Dans la situation de succession vacante, les droits et les obligations du locataire restent inchangés, bien que le propriétaire décédé sans héritiers n’ait pas désigné de bénéficiaire.
Le décès du propriétaire n’exonère pas le locataire de payer son loyer. Il est ainsi tenu de verser la somme due aux autorités responsables de la gestion de la succession, en l’occurrence l’État. Les conditions du bail, telles que l’entretien du logement, la durée du contrat ou la révision du loyer demeurent conformes aux clauses initiales du contrat de location. Le locataire est tenu de respecter ses obligations, telles que l’entretien du bien et le respect des règles de vie.
La gestion du bien immobilier par l’administration
Le rôle du curateur de la succession vacante
Lorsqu’un propriétaire est décédé sans héritiers en laissant des biens en gestion directe, un curateur de la succession vacante est désigné par l’État. Son rôle principal est d’administrer temporairement le logement, en veillant à sa protection et à sa conservation.
Le curateur évalue la valeur des biens, perçoit les loyers du locataire, paye les charges de copropriété et les impôts associés, effectue les réparations nécessaires, gère les litiges avec les locataires et s’assure que les créanciers éventuels du défunt sont réglés. Si aucun héritier ne se manifeste, il est également responsable de l’aliénation des biens, le plus souvent par leur vente, afin de régler les dettes restantes et de clôturer la succession.
Les démarches pour le locataire
Lorsque le propriétaire est décédé sans héritiers, que devient le bail de location ?
Le locataire, informé du décès du propriétaire, est tenu de continuer à payer son loyer. Le curateur ou l’administration se charge alors de formaliser les modalités de la poursuite ou de la résiliation du bail en fonction de la situation. Si le curateur décide de vendre le bien, le locataire pourra bénéficier d’un droit de préemption pour acquérir le logement.
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Les options pour le locataire face à cette situation
Poursuivre la location dans les mêmes conditions
Lorsque le propriétaire décède sans héritiers, le locataire dispose de plusieurs options pour faire face à la situation. Il peut ainsi décider de poursuivre la location et occuper le logement dans les mêmes conditions contractuelles que celles préalablement établies.
Tant que le curateur ne prend pas de décision, le locataire doit continuer à respecter les termes du bail en vigueur. Cela inclut le paiement des loyers et la bonne utilisation du logement. Si le bien n’est pas vendu, l’administration peut maintenir le bail jusqu’à la clôture de la succession.
Envisager l’achat du bien immobilier
Dans le cadre où le propriétaire est décédé sans héritiers, le bail de location comprend les mêmes conditions. Si le bien est mis en vente, le locataire bénéficie d’un droit de préemption, lui offrant la priorité sur l’achat du logement. S’il souhaite jouir de ce droit, il doit manifester son intérêt auprès du curateur ou de l’administration responsable de la succession immobilière. Ce droit peut constituer une réelle opportunité pour devenir propriétaire du bien auparavant loué.
Protéger son patrimoine immobilier : conseils et stratégies
L’importance de la planification successorale
Protéger son patrimoine immobilier est essentiel pour éviter les complications liées à une succession non préparée. En planifiant judicieusement, il est possible d’éviter les situations complexes de vacance, liées à un propriétaire décédé sans héritier, et de sécuriser la transmission de ses biens.
Préparer sa succession, par la rédaction d’un testament ou la désignation d’héritiers, garantit que les biens seront transmis conformément aux dernières volontés. Ainsi, l’État ne prendra pas en charge la gestion des biens, pouvant entraîner leur vente ou leur transfert au domaine public. Le bien sera légué à l’héritier désigné et vous préserverez ainsi les intérêts de vos proches.
Les alternatives à la propriété individuelle
La création d’une SCI (Société Civile Immobilière) familiale apparaît comme une alternative intéressante à la propriété individuelle. En formant une SCI, les membres d’une même famille deviennent associés, simplifiant ainsi le partage et évitant les conflits lors de la succession.
Plus que de faciliter la transmission d’un bien, cette structure permet également d’anticiper les droits de succession et de protéger le patrimoine familial en évitant la dispersion des biens.
Experts dans la gestion de situations complexes de successions immobilières, les gestionnaires Sens Patrimonial vous proposent des solutions sur mesure pour éviter les cas de propriétaire décédé sans héritiers et optimiser la transmission du patrimoine. Main dans la main, nous élaborerons une stratégie de planification patrimoniale vous protégeant vous et vos proches des aléas du destin.